Nice 2001

15/09/2002

Par Romulus

Florilèges des tuiles qui me sont arrivées lors de cette édition du mythique triathlon de Nice, millésimée 2001, qui restera aussi très certainement la dernière...

- Vendredi soir, départ de la maison à 20h00 pour la gare d'Austerlitz. Ca laisse peu de marge pour le train de 21H18 -direct Nice de nuit- mais il n'y a pas urgence. Sauf que... bouchons monstrueux sur le périph' : des bagnoles à ne plus savoir quoi en faire, cul à cul, à l'arrêt ou presque. Mais que fait Monique ??? C'est drôle, cela ne me fait absolument rien. Je cours sur le quai de la gare, il est... 21H20. Pas de panique...

- Me voilà dans le train de 21h50 qui doit m'emmener à... Valence, et non à Nice, puisqu'il est convoyé ensuite pour la Suisse. "Vous inquiétez pas, on vous réveille avant l'entrée en gare" : les paroles du contrôleur me reviennent à l'esprit alors que je descend du train en gare de Valence. J'attends toujours qu'on vienne me réveiller : heureusement qu'on dort mal dans un train...

- Je pose mes bagages encombrants dans le hall : il est 4 heures du matin. Le train qui doit m'emmener à Marseille arrive dans trois heures. Je somnole de longues minutes, tout en me rappelant que c'est l'avant dernière nuit qui doit être la mieux dormie : pas de bol pour cette fois-là.

- Marseille, enfin. Petit déjeuner pour tuer le temps : 2 heures d'attente avant de grimper dans le TGV pour Nice. Pas de place réservée : je me contente du strapontin...

- Nice, 12h50. Je joue les équilibristes sur mon vélo, le sac posé sur le guidon. Me voilà sur la promenade des anglais, enfin !! Je dévore mes sandwiches tandis que j'installe ma couverture sur la promenade pour piquer un roupillon : retrait des dossards dans 2 heures. Je fais une bonne sieste, imaginant qu'elle aura été réparatrice.

- J'ai mon dossard, Matthieu me rejoint pour que nous nous rendions à l'hôtel. Pas de voitures : nous prenons le bus pour nous y rendre. Matthieu a sympathisé avec un "collègue" logeant dans notre hôtel : il nous propose gentiment de nous emmener sur le site de départ le lendemain matin. Super, ça va bien se passer finalement, ce week-end. C'est à peine si je considère la pluie qu'on annonce pour le lendemain, jour de la course...

- Pasta party à l'hôtel en tête à tête avec Matth'. Nous réglons les réveils à 4h30, ce qui doit nous laisser de la marge pour le départ prévu à 7.

- Sommeil léger, je regarde ma montre toute la nuit et toutes les heures.

- Quelle heure ? 5 heures 50... je ne parviens pas à réaliser. C'est ça, il est 5 heures 50. Je saute du lit, réveille Matth' en hurlant. Putain, c'est pas vrai, on s'est offert une heure trente de sommeil en plus, certes, mais prendre le départ dans les temps est devenu le premier objectif de la journée. Nous descendons à la réception, sans prendre le temps de manger.

- Notre cher "collègue" n'a pas dû nous attendre bien longtemps dans sa voiture, peut-être a-t-il ruminé après le lapin magistral qu'on vient de lui poser. Un taxi est appelé, nous sortons, il fait nuit et... merde, il pleut : à présent, ça me fait vraiment ch... , cette pluie fine. Le taxi est là : il faut payer en liquide (c'est de circonstance), on perd 5 minutes -si précieuses à présent!!- puis direction la promenade. Trente minutes pour parcourir 5 km : l'organisation oblige à maints détours en ville, c'est interminable... Toujours à jeun, nous disons au revoir au chauffeur, il est 6h35 : 10 minutes pour préparer le matos : la poudre dans les bidons, se mettre en tenue, ranger l'emplacement sous peine d'élimination, enfiler la combar, tout ça en hâte, sous la pluie et dans la nuit. Je sors du parc dans les derniers, il doit être 6h50, fin prêt.

- Pas d'échauffement... Coup de trompe, goût du sel, les coups involontaires donnés et reçus me permettent de me reconcentrer sur la course. Je m'arrête pour vider une lunette, repars à l'assaut de la houle en direction des lanternes des bateaux allumées à dessein. Tout d'un coup, je sens que le bracelet montre se dérobe : non, pas le Polar !!! Je plonge ma main au pif dans l'eau noire : coup de bol terrible, je saisis aussitôt l'objet et le glisse dans le col de la combinaison.

- Je nage sans conviction. La jour se lève, j'ai passé la première bouée tranquillement, puis la deuxième pour entamer le retour vers la plage de départ. Je fais une natation minable, je le sais.

- A présent que je distingue mieux ce qui se trouve dans l'eau, un profond malaise m'envahit, de l'anxiété. J'essaie de ne pas me focaliser sur cela, mais rien à faire, le phénomène empire. J'ai maintenant du mal à respirer, j'ai des hauts de coeur : si j'avais avaler quoi que ce soit, j'aurais tout rendu, je crois. Je m'immobilise dans l'eau, position verticale. Je pose les lunettes sur le front, regarde passer les concurrents. Je cherche à respirer profondément, me dit que ça va passer. 5 minutes passent.

- Je m'écarte du flot des nageurs en direction de la grève. Je jette un oeil sur la promenade, vide à cet endroit : il pleut toujours, un premier type passe en vélo, puis un deuxième, puis un autre. J'ai plus de 20 minutes de retard sur la tête, il me reste encore 1 km à nager, mais cela me semble inenvisageable de poursuivre, je n'ai qu'une seule envie : me goinfrer de pains au chocolat dans le premier café ouvert. Je brasse vers la plage, une vague me dépose en douceur sur les galets : c'en est fini...

- Je me rends sur l'aire de départ, contrit et démoralisé. Je croise Vatinel : "T'abandonnes ?" Il n'a pas l'air surpris : je rentre dans le parc et constate en effet qu'un bon nombre de triathlètes ont souffert comme moi du mal de mer.

- Allez, je range le matos, direction la gare. La guichetière m'annonce un supplément de 50 francs pour rentrer plus tôt. Pfff... Je refuse, dans un premier temps, puis me ravise, mais les 10 minutes d'hésitation me coûtent... la seul place dans le TGV que je venais juste de refuser et qui vient d'être vendue ... C'est pas vrai !! Me voilà contraint de rester encore 5 heures de plus dans une ville que je déteste franchement, à présent.

Il pleuvra toute la journée. Reboul gagnera l'épreuve, Matth' y fera une super course... Moi, j'ai perdu quelques centaines de francs et beaucoup de ma motivation. Ca fait pas mal de signes en ma défaveur, non ? Fini pour toujours, le triathlon ? L'avenir me le dira...

Romu.

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