La Course...

Dimanche 6 octobre 2002. Réveil, 5 heures du matin. Machinalement j'ouvre une fenêtre, une petite bruine, la météo ne s'est pas plantée. Je déjeune, me prépare et reste 5 minutes sur mon palier pour  enfin me décider à partir.

5 heures 45, départ pour Rouen, il fait nuit, la route est mouillée mais la pluie est très fine, il ne pleut presque plus. Je finis par espérer.

7 heures 45, à 45 minutes du départ, il fait toujours nuit, cette fois il pleut, il faut que je me décide à m'inscrire. A ce moment, je souhaite qu'il pleuve vraiment fort, pour me donner une bonne raison de rentrer. Finalement, je m'inscris, pris par le mouvement des participants qui se sont décidés comme moi au dernier moment.

Mon dossard en main, je prépare mon vélo, je n'ai quand même pas payé pour rien. Il pleut toujours. Je me dis que je prends le départ pour me donner bonne conscience mais que s'il pleut de trop je ferais demi-tour, 174 km sous la pluie ne me paraît pas raisonnable. Il est 8 heures, j'entre dans le sas de départ, cette fois sans dossard préférentiel, il n'y en a pas dans cette course, pas plus que de sas pour trier quelque peu les participants par niveau. Déjà, pas mal de monde, je ne suis pas aux avant-postes, il va donc falloir gérer la pagaille du départ sur une route mouillée, je me concentre donc sur les risques de chute. Je me dis que pour la course on verra plus tard.

8h30 le départ, la pluie se calme, le jour se lève, le vent aussi. Interdiction de doubler la voiture du directeur de course avant le pied de la première difficulté, pourtant après 1km, une chute générale au milieu du peloton, eh oui çà glisse !

Parti tranquille, je peux passer à côté des coureurs à terre et commencer ma remontée, mais déjà le peloton s'étire et je n'aperçois pas la tête de course. Enfin une bosse assez longue, elle me permet de revenir devant, déjà des coureurs présomptueux coincent et des trous se sont formés. Au sommet de la bosse, j'aperçois enfin la tête de course qui me paraît assez nerveuse. Immanquablement à l'attaque de la plaine les premières bordures, il est difficile de tenir les roues et de s'abriter. Je sais que c'est le moment où jamais de remonter, mais je suis coincé dans le peloton et je pense plutôt à faire attention à la gamelle. Au bout de quelques kilomètres, on commence à voir plus clair, je remonte le paquet où je me trouve et constate que la tête de course se trouve à une bonne centaine de mètre, constituée d'une quarantaine d'éléments. Après quelques relais appuyés où je jauge les coureurs qui m'accompagnent, je finis par m'engueuler avec des "cyclards" (notez le caractère antipathique du mot) qui estiment que je n'offre pas assez d'abri et roule personnel (sûrement dû à l'esprit triathlète). Le groupe décide de rouler sans me suivre et je me retrouve seul, 20 mètres devant lui, en plein vent. Je décide de lever le pied, d'intégrer le groupe d'une vingtaine d'éléments et de collaborer. C'en est fini du paquet de tête qui s'éloigne inexorablement.

Cent bornes, la route est détrempée, moi aussi, il fait toujours aussi mauvais, j'ai froid et j'en ai marre de rouler avec mes compagnons de route résignés. Dans une bosse, je prends la poudre d'escampette et part seul me faire plaisir. Je me retourne, plus personne. Devant non plus. Qu'il fait bon de se retrouver seul, dommage qu'il ne fasse pas beau car le paysage est pas mal. Le plaisir aura été de courte durée, mon groupe renforcé de quelques éléments revenant de l'arrière se remet à rouler à vive allure. Après avoir été rattrapé, je m'aperçois en discutant que se sont des triathlètes du HAC qui roulent. Décidément, ce sont toujours les mêmes qui sont  généreux dans l'effort. Maintenant, les jeux sont faits, la fatigue, le froid, la pluie ne permettent plus à personne de rouler seul, on rentrera ensemble, il reste une soixantaine de kilomètre. Enfin de retour dans la ville de Rouen, mon paquet roule de plus en plus vite, c'est normal, c'est la fin. Un coureur sort, il surprend tout le monde, il ne sera plus rejoint. Je décide de l'imiter, mais l'effet de surprise est moins flagrant, je prends vingt mètres çà ne suffira pas, ceux qui m'ont sucé la roue pendant tout le parcours me repassent, je m'en fiche, ma satisfaction est personnelle, la moyenne est correcte étant donné les circonstances de course. Il est 13h30, je viens d'effectuer 174 bornes quasi sous la pluie et je passe la ligne sous le soleil. Finalement, j'aime bien le vélo. Je me dépêche de rentrer, c'est après-midi c'est Paris-Tours à la télé.

Laurent le Conquérant

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